Banjul, le 7 mai 2017. Le ministre gambien de l’Intérieur, Mai Ahmad Fatty, a invité les Etats membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) à tout mettre en œuvre pour éradiquer l’apatridie dans l’espace communautaire.
M. Fatty a lancé cet appel, ce dimanche 7 mai 2017, à Banjul, en Gambie, lors de la cérémonie d’ouverture de la réunion des experts pour la validation du plan d’action pour l’éradication de l’apatridie en Afrique de l’Ouest.
« Un enfant né dans un Etat de la Cedeao et originaire d’un autre Etat de l’organisation régionale, peut ne pas disposer d’une nationalité claire, et cela pose d’énormes défis au niveau des Etats membres de la Cedeao », a déclaré le ministre gambien de l’Intérieur.
Pour M. Fatty, cette situation justifie la tenue de cette rencontre ; laquelle devra permettre aux participants de réfléchir collectivement sur la problématique de l’apatridie.
« Un problème collectif demande une solution collective », a-t-il fait savoir, rappelant au passage aux Etats ouest-africains leur responsabilité à éradiquer l’apatridie à travers la coopération régionale.
« La Cedeao est un cadre institutionnel et juridique pouvant nous permettre de résoudre ce problème, car l’apatridie est un problème commun, qui nous concerne », a dit M. Fatty.
Tout comme le ministre gambien de l’Intérieur, la Commissaire chargée des Affaires sociales et du Genre de la Commission de la Cedeao, Dr Fatimata Dia Sow, a souligné la priorité que représente pour l’Afrique de l’Ouest la question de l’éradication de l’apatridie.
« L’apatridie, comme toutes les autres violations des droits de l’homme, trouve ses origines dans des pratiques et croyances discriminatoires. Chacun et chacune ont le droit à une nationalité », a indiqué Dr Dia Sow..
Toutefois, a-t-elle souligné, des millions de personnes à travers le monde, y compris des enfants et des femmes, n’ont pas ce droit pour diverses raisons allant de lacunes dans les lois sur la nationalité aux pratiques administratives discriminatoires, qu’elles soient écrites ou non écrites.
Elle a rappelé les efforts fournis ces deux dernières années par la Cedeao, avec le soutien du Haut commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), pour relever les défis de l’apatridie, traiter ses causes profondes et tracer un sillon pour son éradication.
Dr Fatimata Dia Sow s’est félicitée de l’adoption, le 25 février 2015, de la Déclaration d’Abidjan, à travers laquelle les ministres de l’Intérieur et de la Justice des Etats membres de la Cedeao ont reconnu que l’apatridie est un fléau en Afrique de l’Ouest, et se sont engagés à mettre fin à ce phénomène d’ici à 2024.
Elle a aussi salué l’élaboration par la Commission de la Cedeao, avec la collaboration du HCR, d’un Plan d’action sur 8 ans, comme moyen de mise en œuvre de cette Déclaration.
Pour la représentante régionale du HCR pour l’Afrique de l’Ouest, Mme Liz Kpam Ahua, ce Plan traduit en actions réalisables les engagements souscrits à Abidjan, en élaborant des mesures concrètes et en établissant des délais pour atteindre les objectifs fixés.
« Le Plan d’action régional représente une étape clé non seulement pour lutter contre l’apatridie, mais aussi pour une plus grande intégration des ressortissants de la Cedeao. Nous avons l’opportunité de transformer la vie de millions de personnes apatrides ou qui risquent l’apatridie dans la région afin que, d’ici 2024, toute personne vivant dans l’espace de la Cedeao puisse dire : Je suis citoyen de…», a déclaré Mme Ahua.
Dans la capitale gambienne, nous avons l’occasion de poser le prochain jalon dans la lutte contre l’apatridie en Afrique de l’Ouest, a-t-elle laissé entendre.
Les participants à la présente réunion auront à examiner le Plan d’action régional, qui sera ensuite soumis pour validation à la rencontre des ministres de l’Intérieur ou de la Justice des Etats membres de la Cedeao, prévue le 9 mai 2017, toujours à Banjul.
L’apatridie, faut-il l’indiquer, fait référence à la condition d’une personne n’étant considérée par aucun Etat comme son ressortissant, en application de sa législation.
De nos jours, au moins 10 millions de personnes dans le monde n’ont pas de nationalité.
On estime qu’un million d’apatrides vivent en Afrique de l’Ouest, région qui abrite aussi un grand nombre de personnes à risque d’apatridie. |