Le Président ivoirien plaide pour une mobilisation dans la lutte contre l’apatridie en Afrique de l’Ouest
Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a invité la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à se mobiliser afin de permettre à ses Etats membres de disposer d’instruments et de moyens nécessaires pour mettre fin à l’apatridie dans l’espace communautaire.
Dans son discours à l’ouverture le mercredi 25 février 2015 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, de la conférence ministérielle régionale sur l’apatridie en Afrique de l’Ouest, M. Ouattara a insisté sur la mobilisation pour faire de la lutte contre l’apatridie une cause régionale.
«A l’horizon 2050, la population de la CEDEAO aura doublé, pour dépasser les 600 millions d’habitants. Le nombre d’apatrides vivant dans la région, actuellement évalué à 750.000 personnes, va lui aussi augmenter dans des proportions similaires, si aucune action commune d’envergure n’est initiée. Nous devons donc nous mobiliser pour faire de la lutte contre l’apatridie, une cause régionale. Il faut éviter que des personnes vivant dans l’apatridie ne deviennent des cibles à la merci de groupes terroristes», a-t-il déclaré.
Pour ce faire, a expliqué le président ivoirien, l’implication de la CEDEAO dans l’organisation de cette conférence prend tout son sens. Elle nous permet, a-t-il dit, de nous interroger ensemble, sur nos acquis et sur les bonnes pratiques de chacun de nos pays dans ce combat contre un fléau souvent invisible.
Alassane Ouattara a souligné que l’action de la CEDEAO contre l’apatridie doit s’organiser et s’inscrire dans le cadre de l’engagement du continent africain à se doter d’instruments multilatéraux contraignants contre ce fléau.
A l’instar du président ivoirien, le vice-président de la Commission de la CEDEAO, Dr Toga Gayewea Mcintosh, a reconnu la nécessité pour l’organisation régionale d’œuvrer à l’éradication de l’apatridie en Afrique de l’Ouest.
Il a laissé entendre que l’apatridie reste une réalité dans la sous-région ouest-africaine, malgré l’existence du protocole sur la libre circulation des personnes et des biens de la CEDEAO.
«La lutte contre l’apatridie fait inévitablement partie intégrante de l’atteinte de la Vision 2020 de l’organisation régionale qui est de passer d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des peuples. Nous restons optimistes que les conclusions de cette conférence vont beaucoup nous aider à répondre aux questions brûlantes de l’apatridie dans notre sous-région», a fait remarquer le Dr Mcintosh.
Pour sa part, le Haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), Antonio Guterres, est revenu sur les causes de l’apatridie en Afrique de l’Ouest.
«En Afrique de l’Ouest, l’apatridie a de nombreuses causes dont la plupart sont liées à l’absence de garanties juridiques dans les lois et aux divers obstacles administratifs à l’acquisition de preuves de nationalité. Plusieurs lois sur la citoyenneté ne prévoient pas le droit pour les femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants, ou restreignent l’accès à la nationalité en fonction de la race ou de l’ethnie», a souligné M. Guterres.
L’une des principales étapes de la campagne mondiale pour l’éradication de l’apatridie dans les dix prochaines années, a indiqué M. Guterres, serait l’adoption d’un protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples portant sur la nationalité.
C’est pourquoi, le Haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés a exhorté les Etats membres de la CEDEAO à soutenir la Commission de l’union africaine dans ses efforts à cet égard.
«Je n’ai aucun doute que, comme sur beaucoup d’autres questions, l’Afrique de l’Ouest fera preuve du leadership et de la vision nécessaires pour effectuer les progrès décisifs pour mettre fin à l’apatridie», a conclu M. Guterres.
Dans leurs déclarations à l’ouverture de cette rencontre, la commissaire des Affaires politiques de la Commission de l’union africaine, Dr Aisha Abdullahi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Dr Mohamed Ibn Chambas, ainsi que l’ambassadrice de bonne volonté honoraire à vie du HCR et soprano de renommée internationale, Mme Barbara Hendricks, ont rassuré la communauté internationale de leurs soutiens dans la lutte contre l’apatridie dans l’espace CEDEAO.
Le HCR estime à au moins 750 000 le nombre d’apatrides ou à risque d’apatridie en Afrique de l’Ouest.
Cette conférence ministérielle régionale sur l’apatridie conjointement organisée par le HCR et la CEDEAO est de promouvoir une stratégie régionale pour toute l’Afrique de l’Ouest afin d’identifier les personnes apatrides et d’établir des mesures pour prévenir et réduire l’apatridie, dans le cadre de la campagne mondiale du HCR pour éliminer l’apatridie d’ici à 2024.
Direction de la Communication