Monsieur le Premier Ministre Joseph Muscat, hôte du Sommet,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Au nom des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, j’aimerais remercier le Premier Ministre et le Gouvernement Maltais pour l’accueil de ce Sommet historique Europe-Afrique sur la migration.
Nous prenons part à ce rendez-vous dans un esprit de dialogue et d’ouverture ; un esprit de bonne volonté et de responsabilité solidaire et partagée.
Le phénomène migratoire qui nous réunit ici n’est assurément pas nouveau, même s’il en donne l’air de nos jours, sous l’effet médiatique. La migration est une dynamique de l’histoire, aussi vieille que la vie en société.
Traiter ce phénomène n’est pas simple, non plus. Par conséquent, au-delà des stéréotypes et des constats sommaires, seule une approche globale et durable, sereine et concertée nous aidera à résoudre ensemble une question aussi complexe.
La particularité des relations entre l’Europe et l’Afrique nous y oblige.
Car entre l’Europe et l’Afrique, il y a l’histoire et sa charge émotionnelle.
Entre l’Europe et l’Afrique, il y a tous ces sacrifices communs consentis deux fois en l’espace d’une génération pour mettre fin à la guerre.
Entre l’Europe et l’Afrique, il y a cette coopération intense qui nous lie dans presque tous les domaines de l’activité humaine.
Entre l’Europe et l’Afrique, il y a cette proximité tirée du brassage biologique et des affinités linguistiques.
Entre l’Europe et l’Afrique, il y a, enfin, ce voisinage géographique qui nous relie, puisque moins de 20 km seulement séparent nos deux continents.
Tout cet héritage commun fait que l’Europe et l’Afrique ne peuvent pas s’ignorer.
Nous reconnaissons les valeurs qui protègent la dignité de chaque vie humaine. C’est pourquoi nous saluons les efforts de l’Europe pour accueillir des réfugiés forcés de quitter leurs pays pour sauver leur vie.
Quand des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions fuient les horreurs de la guerre, notre humanité commune commande de les accueillir et de les traiter humainement.
Dans le même esprit, quand des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions périssent en Méditerranée, notre même humanité commune commande de tout faire pour sauver leur vie, quel que soit leur statut migratoire.
Sauver des vies, c’est aussi poursuivre fermement la lutte contre les réseaux criminels de l’émigration clandestine, y compris par les moyens renforcés qu’autorise la résolution 2240 du 9 octobre 2015 du Conseil de Sécurité.
Travaillons, en même temps, à stabiliser la situation des pays de transit qui constitue un terreau fertile aux réseaux de l’émigration clandestine.
En définitive, la migration n’est pas pour nos pays une fin en soi.
Bien au contraire, en quête d’émergence et d’un avenir prospère, nous avons besoin de toutes nos forces et de toutes nos intelligences.
Construire cet avenir prospère, donner à nos jeunes des raisons d’espérer, par l’éducation et la formation, par l’emploi et les activités génératrices de revenus, par une croissance soutenue et inclusive, c’est cela notre vocation. C’est cela notre responsabilité.
Face à l’appel illusoire du grand large qui peut conduire au fond des mers, nous mettons en place des politiques qui retiennent nos jeunes dans leurs terroirs, autour de projets communautaires générateurs de revenus.
Au Sénégal, par exemple, nous avons lancé l’« Opération terre ferme », qui consiste à associer plusieurs milliers de jeunes, y compris des diplômés d’Université, dans l’exploitation de Domaines agricoles communautaires et de fermes aquacoles.
Dans le système éducatif, nos pays veulent faire plus de place à la formation technique et professionnelle qui valorise les compétences des jeunes dans les métiers et l’entreprenariat.
C’est en répondant aux problèmes des jeunes, en donnant une vie économique aux zones de départ des candidats à la migration et en facilitant l’accès de tous aux services sociaux de base que nous traiterons avec efficacité les causes profondes du phénomène migratoire.
Nous le ferons en satisfaisant les besoins spécifiques des terroirs  déshérités en eau, électricité, pistes rurales et équipements pour alléger les travaux domestiques des femmes.        Â
Mesdames, Messieurs, Depuis 1979, la CEDEAO pratique une politique migratoire fondée sur la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire. Cette expérience sera enrichie prochainement par l’émission d’une carte d’identité biométrique communautaire.
Forts de cette expérience d’intégration, nous sommes disposés à examiner avec tous nos partenaires les voies et moyens d’investir ensemble dans des projets communautaires articulés aux priorités des pays bénéficiaires. Ce sont ces projets, qui stimulent les échanges, favorisent une prospérité partagée, et, finalement, concourent à une meilleure maîtrise du flux migratoire.
Dans cette perspective, la CEDEAO a pris bonne note de la création par l’Union Européenne d’un Fonds fiduciaire d’un milliard huit cents millions Euros sur la migration.
Dans un souci d’équité et de solidarité, nous souhaitons que les conditions d’accès au Fonds soient plus inclusives et que son montant, relevé.
De même, la CEDEAO préconise plus de flexibilité dans la gouvernance du Fonds, notamment pour la définition des règles d’admission au Conseil d’Administration et la mobilisation diligente des ressources.
Sur l’éventualité de création de Centres de rétention dans des pays Africains, nous sommes d’avis que cette question sensible doit être sérieusement examinée à la lumière des règles qui gouvernent la migration dans nos espaces communautaires. Parce que nous vivons en communauté, la migration inter régionale obéit au principe de la libre circulation de nos concitoyens dans nos espaces communautaires. Autrement, nous aurons failli à nos propres obligations en la matière.
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Mesdames, Messieurs,
Entre partenaires de longue date, appelés à cohabiter dans un monde de compétition ouverte, de libre circulation des personnes, des biens et services, nous pouvons relever ensemble nos défis communs au-delà des contingences, dans un esprit de dialogue ouvert, et une responsabilité solidaire et partagée.
Mais, ensemble,  refusons la stigmatisation, ensemble, refusons la politique des barricades et du repli sur soi.
Ce n’est pas la voie de l’avenir. La voie de l’avenir, c’est celle de la collaboration et du partenariat.
Alors, ensemble, agissons pour un partenariat confiant.
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Ensemble, agissons pour une migration maîtrisée et apaisée, qui facilite la cohabitation et les échanges.
Ensemble, agissons pour une mobilité effective, qui crée des opportunités et ouvre des perspectives dans les deux sens.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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